« Pour éradiquer le terrorisme, tuons la misère! » : tel aurait pu être le cri de guerre lancé par les Etats-Unis d’Amérique après les attentats du 11 Septembre.
Car dans plus d’une centaine de pays, le revenu par habitant était en 2000 plus bas qu’il n’était il y a une vingtaine d’années auparavant. Aujourd’hui, près de 1,6 milliards d’individus vivent plus mal qu’au début des années 80, c’est-à-dire avec moins d’un dollar par jour.
Simultanément, entre 1970 et 2000, le Produit National Brut mondial a augmenté de 80 %. Au cours des trente dernières années, la richesse de la France a été multipliée par 3, si on prend comme indicateur le Produit Intérieur Brut. On peut donc affirmer qu’il y a de plus en plus de pauvres (en nombre) dans un monde de plus en plus riche (en valeur absolue).
Pour avoir une échelle de grandeur, il suffit de savoir que les trois personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure au PIB total des 48 pays les plus pauvres de la planète. Une estimation de 1998 montre que les 225 plus grosses fortunes du monde représentent un total de plus de mille milliards de dollars, soit l’équivalent du revenu annuel des 47 % d’individus les plus pauvres de la population mondiale, soit un total de 2,5 milliards de personnes.
En 1987, les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE, 747 millions d’habitants) ont englouti en moyenne 6 573 kilos d’équivalent pétrole par tête, alors que dans les pays à très bas revenus (2 824 millions d’habitants, Inde et Chine comprises), chaque homme n’avait droit en moyenne qu’à 297 kilos. Le monde occidental, riche et relativement peu peuplé, pèse près de six fois plus lourd dans la balance de la consommation énergétique que le groupe des quarante-deux pays classés par la Banque mondiale comme les plus pauvres. C’est une évidence : une guerre en vue de s’assurer le libre accès au pétrole ne peut servir que des intérêts occidentaux.
Absence d’investissements industriels, chute des cours des matières premières, régression économique consécutive aux guerres, des populations appauvries par les politiques d’ajustements structurels du F.M.I, des populations maintenues dans la dépendance alimentaire, une croissance démographique qui masque mal une mortalité infantile et péri-natale extrêmement élevée, une espérance de vie dérisoire, une dette écrasante dont le capital a déjà été payé trois ou quatre fois mais dont les intérêts courent toujours : tel est le tableau de cette misère.
Mais qu’attendre d’une nation d’épiciers sinon la guerre, selon le principe : « Si vous n’êtes pas avec moi, vous êtes contre moi ». Etre avec les Etats-Unis, c’est en réalité être comme les Etats-Unis. Riches. Sont contre eux tous les miséreux. Donc pour tuer la misère, les Etats-Unis ont découvert la solution finale : il faut tuer les miséreux. En Afghanistan, en 2001-2002, en Irak, en 2003-2020(?), etc.