Il existerait selon les enquêtes d’une société sérieuse, la Secodip, environ 3,2% – oui, vous avez bien lu ! – 3,2% d’enfants (jeunes de 2 à 19 ans) qui vivent sans télévision. Majoritairement des familles de catégories socio-profesionnelles aisées. Mais comment font-ils ?
Comment font-ils leur rédaction : « Racontez ce que vous préférez à la télé » ou plus tard leur devoir de philo : « La télé, ce n’est pas la vraie vie. Commentez cette citation du Conotron » ? Comment font-ils pour demeurer insensibles aux images ? Celles de publicité, celles des magazines ? Comment font-ils pour jouer ? Pour penser, tout simplement ?
Tout d’abord, rassurez-vous : aucun enfant n’est totalement sevré de la grande soupe télévisuelle. Jamais totalement : il y aura toujours un petit voisin compatissant (et qui en profitera pour exiger Dieu sait quoi, attention ! tant l’attrait pour la télé est grand) un grand-parent gâteux (pardon, gâteau…) pour accorder ce qu’il vous refusait lorsque vous étiez enfant, ou encore une institutrice bien intentionnée.
Il s’agit pour les parents d’un choix éducatif fondamental, même au risque de marginaliser leurs enfants.
La télé est néfaste. Selon certains pédopsy, la télé est fortement contre-indiquée lors de la phase d’acquisition du langage. L’enfant ne comprend pas vraiment les enchaînements de situation. Il a du mal à décoder le réel télé, les infos, du télé fictif, un film. De plus la télé est réputée ne pas avoir un niveau de vocabulaire particulièrement développé. A juste titre d’ailleurs, car comment se ferait-elle comprendre de tous sinon ? Autre exemple : la télé n’incite pas les jeunes esprits à faire oeuvre d’imagination. Les spots pub sont leurs références d’imaginaire et de poésie (snif). Enfin la télé est un bouffe-temps, c’est même le mange-sommeil numéro un. Il existe une corrélation (évidente à tous les enseignants) entre la télé jusqu’à tard le soir et l’échec scolaire.
Alors, maintenant, si vous aussi êtes convaincu que cette lucarne vous emmerde et emmerde la vie de vos drôles, voici comment vous/les désintoxiquer.
Tout d’abord, qu’ils s’ennuient! Et vous aussi! Sans télé. Laissez-vous glissez à mariner. Picorez une lecture. Faites du léche-vitrine. Appelez Machine que vous n’avez plus vue depuis… Tenez bon. C’est une cure de désintoxication que vous vivez. Comme la clope ou le chocolat.
Et en vous ennuyant, ou en laissant votre enfant s’ennuyer, vous allez trouver (il va trouver son) votre vrai centre d’intérêt, une vocation profonde : la lecture et/ou l’écriture, le lavis, l’observation des supernovas, la culture Toltèque, que sais-je encore ? La télé n’a jamais été une vocation pour personne (surtout pas pour ceux qui y travaillent : c’est d’abord et avant tout une pompe à fric…).
Mais cette vocation ne surgira que si vous l’y aidez un peu : inscrivez vos drôles (et vous aussi, pourquoi pas ? ce sera une occasion d’échanges…) dans un club d’astronomie, visitez les musées, lisez, mettez-vous devant une feuille blanche. Et lorsque vous aurez (ainsi que vos enfants) dit enfin merde à toute cette daube, que plus personne sous votre toit n’en sentira le besoin, courez vite revendre votre poste aux Puces ou au vide-grenier local.
Vous voici enfin libres de ne plus avoir à choisir votre chaîne !