Dans la librairie / bibliothèque de Michel de Montaigne, sur les poutres du plafond, sont inscrites les principales citations et devises du philosophe, notamment celle-ci : « homo sum et humani nihil a me alienum puto » du poète latin Térence. Ce qui se traduit par : je suis homme (et non pas homo !) et rien de ce qui est humain ne m’est étranger.
Cette phrase, que les philosophes de la Renaissance firent leur, puis ceux de la Réforme et aussi ceux des Lumières, donna : la curiosité d’un Léonard de Vinci, l’insolence à l’égard de l’ordre établi d’un La Boétie ou encore l’acharnement des Lumières à défendre les droits humains contre le despotisme royal. Chaque époque a ré-interprété cette phrase.
Ma question est donc : comment notre temps s’est-il saisi des idées de curiosité infinie, d’insolence et de courage contenues dans cette citation ? Qu’en a-t-il fait ? Se dire humaniste aujourd’hui aide-t-il à sauver ce qu’il reste d’humanité après Auschwitz, cette faillite du sens de l’homme ?
On aurait pu le penser… Ou seulement l’espérer.
Mais ce n’est pas comme ça que ce mot est aujourd’hui utilisé. Il est devenu extrêmement banal de se prétendre humaniste, mais non en se référant aux précédents auteurs cités. Plutôt à une idéologie molle, combinant matérialisme outrancier, c’est-à-dire jouisseur pur, et athéisme anti-clérical total. Il ne s’agit plus de défendre l’homme, mais tout simplement de nier dieu et la part divine de l’homme.