Les grandes religions révélées sont actuellement en crise en Occident. Crise de vieillissement, crise de recrutement, crise des vocations. Pourtant mes contemporains n’ont jamais été autant en quête de spiritualité. Alors ils font tous leurs courses au grand supermarché des sectes et des gourous en tout genre. Même lorsqu’ils se prétendent athées, ils font encore partie d’une loge ou d’un club de pensée. Ou voudraient bien. Les grands succès de librairie en témoignent : la littérature du développement personnel, des révélations andines et autres salades wicca (science occulte païenne) se vend aussi bien que les livres de recettes culinaires.
Une spiritualité vraie me semble pourtant émerger dans tout ce fatras, le bouddhisme. Mais est-il si différent des grandes religions révélées ? Oui et non…
Différent, en ce qu’il parle de souffrance et de libération de la souffrance, et non pas de douleur que le fidèle doit imiter pour être sauvé. En ce qu’il est une religion athée, ce qui paraît toujours étonnant à un Occidental : nul Dieu à prier ou à implorer, nul Dieu pour vous pardonner ou vous accorder une hypothétique grâce. Vous pardonner quoi, d’ailleurs ? Vos péchés ? C’est quoi, ça ?
Mais religion malgré tout. Parce que le bouddhisme a institué des rites. Parce qu’in fine le bouddhisme est une foi, même si elle prétend apporter ses réponses de manière logique. Semblable à n’importe quelle autre religion parce qu’un humain y a été (presque) divinisé, Bouddha à l’instar de Jésus. Même si son « prophète » n’appelle pas au djihad ou à la guerre sainte, les différends entre sectes se revendiquant du Bouddha furent nombreux par le passé. Et encore aujourd’hui, en Birmanie notamment, certains bouddhistes trucident leurs opposants musulmans sans sourciller (200 morts en 2012 dans l’état d’Arakan).
Je sais bien tout cela, et aussi que l’intolérance des religions me débecte. Mais faire zazen régulièrement m’évite de ne pas décompenser brutalement et violemment dans ma vie quotidienne. Avec mes proches, avec mes collègues.
Et peut-être aussi de me préparer à la mort. Un peu.