Qu’il s’agisse de la bizounette à rotor variable présentée au dernier concours Lépine ou qu’il s’agisse de la vaste entreprise de décodage du génome humain, pour trouver ses applications industrielles et sa légitimité éthique, en un mot: être acceptée par le corps social, toute nouvelle invention doit se charger de promesses, toutes plus fantastiques et incroyables les unes que les autres. Sans promesse, le concept (et son inventeur) périclite lentement: ce fut le cas de D. Papin, avant que G. Watt ne s’empare de son idée; de C. Ader, avant que les frères Wright ne construisent leurs deltaplanes, et de bien d’autres pionniers. Dont très certainement l’inventeur de la bizounette à rotor variable.
Aujourd’hui grâce à la médiatisation de nos brillants techno-scientifiques, ce sont d’abord les promesses que le vulgum pecus retient d’une invention. Alors tendons l’oreille et écoutons ces quelques banalités être ressassées jusqu’à prendre rang de vérité.
Au hasard d’un micro-trottoir à propos du clonage, on entend dire ad nauseam que la thérapie génique, c’est-à-dire la greffe de cellules souches feront que les maladies d’Alzheimer (son prénom, c’était Aloys. Attention, je fais un test de mémoire dans cinq minutes !) et bien d’autres liées à la dégénérescence cellulaire, disparaîtront totalement.
En matière de diagnostics pré-implantatoires, j’entends raconter ici et là que les maladies génétiques seront enfin toutes dépistées et la mucoviscidose bientôt éradiquée.
Quant aux Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), l’idée qui revient le plus souvent est que la technoscience pourra bientôt fabriquer des variétés de blé qui pousseront en plein désert. En langage savant, on dirait plus prudemment : des plantes résistant mieux au stress hydrique.
Sur chacun de ces trois thèmes, les réalités risquent fort d’être tout autre que ce que nous disent les promesses.
En ce qui concerne le clonage, tout d’abord. Effectivement, les thérapies géniques, à base de cellules souches embryonnaires, pourront soigner certaines déficiences liées à la dégénérescence cellulaire. Mais surtout, du fait que le code génétique du clone est strictement identique à celui de l’original, l’original peut recevoir de la part de son clone n’importe quel organe sans avoir à se goinfrer d’immuno-dépresseurs, comme font actuellement tous les greffés.
Bien sûr, cela pose un problème éthique gigantesque: celui de la réduction en esclavage biologique de l’être cloné à son original. Esclavage, le terme est faiblard. Car qu’est-ce qui interdirait à l’original d’exiger n’importe quelle partie de son clone, y compris un organe vital? Certains proposent déjà de contourner cette discussion philosophique en faisant en sorte que le clone naisse acéphale, c’est-à-dire végétatif. Un pur sac d’organes dans lequel l’original irait puiser sans inquiétude métaphysique. Voilà la promesse réelle du clonage humain. Je la réfute catégoriquement!
Les diagnostics pré-implantatoires (DPI), quant à eux, ne nous promettent pas qu’un dépistage des maladies génétiques. Extrêmement rares pour la plupart. Ce qui incidemment posent le problème du coût de DPI susceptibles de n’être appliquées qu’aux familles déjà touchées par une maladie. Car il faut, dans le cas des maladies génétiques, que les deux parents présumés sains, soient tous deux porteurs du même gène de la maladie: cas extrêmement rares.
La réalité est en fait une Allemagne qui ne serait plus peuplée que de dolicocéphales blonds aux yeux bleus, une Chine où il ne naîtrait plus que des garçons, et ce genre de dérives. Il n’est pas absolument innocent de chercher un gène de l’intelligence. Puis de monter un programme eugéniste en ce sens. Ce monde-là aussi je le réfute explicitement!
Enfin, sur le thème des OGM. Je crois que c’est là que l’arnaque est la plus grande et la plus évidente. Le blé qu’on n’arrose pas, ou alors juste en pissant dessus une fois de temps en temps, vous pouvez l’attendre longtemps. Par contre, progressivement, parce que la logique productiviste n’a toujours pas été abandonnée, toutes les plantes cultivées vont être préalablement modifiées en laboratoire.
Les enjeux financiers sont énormes. La concentration des semenciers à l’échelle de la planète, aux trois quarts américains actuellement, font que Monsanto, qui vend des semences de maïs OGM, vend aussi le round-up, le désherbant qui flingue tout, sauf son OGM de maïs. Les agriculteurs américains l’ont déjà compris, qui avaient semé des OGM (de chez Monsanto) en espérant faire l’économie de traitements coûteux et qui ont découvert (ah, les cons !) que si la pyrale n’attaquait plus leur maïs, ils avaient quand même besoin d’insecticides (de chez Monsanto) pour lutter contre les autres prédateurs.
Mais ne voyez-vous pas qu’il n’y a qu’un seul prédateur: c’est le big-bizness ! Alors, encore une fois: non : je ne veux pas de ce monde-là.
Il est assez étonnant de constater que souvent l’inventeur est français, et le développeur est anglo-saxon. Ca me rappelle aussi cette histoire que l’on racontait à propos de la micro-informatique : les labos de Palo Alto inventaient, Apple réalisait, IBM commercialisaient et Microsoft touchaient les royalties.
La xéno-greffe (la greffe d’un organe animal artificiellement amélioré, un cœur de cochon transgénique par exemple) sera abandonné aux plus pauvres car beaucoup moins confortable.
Test (sans revenir vers le haut de la page) comptant pour l’U.V Pathologie des Futuribles : dites-moi quel était le prénom d’Alhzeimer ?