Parce que le moi-je-moi-même-personnellement fait aujourd’hui partie de l’air que l’on respire, que le narcissisme triomphe sur le oueb à tous les coins d’écrans, que les réseaux sociaux ne servent qu’à ça, l’auto-promotion, voici venu le temps du selfie. Suffit d’un téléphone portable. Eventuellement d’un miroir pour ceux qui veulent apparaître en pied. Mais alors attention au lumbago.
Je ne sais pas quel crétin a eu l’idée un jour de rajouter un appareil photo au téléphone portable, mais ce technicien-là mérite une place au Panthéon de la connerie universelle. Sans lui, les pages face-bouc seraient restées tristes et sans image. Déprimantes, quoi. Et j’aurais raté les points noirs sur le nez de Rihanna ou les tatouages aux bras de Lady Gaga : quel dommage ! Alors que grâce à leurs selfies, je connais (presque) tout de leur anatomie. Quel progrès tout de même, que l’invention de la photo sur le portable.
Même le Pape François s’est retrouvé piégé par une bande de djeunes. Dès qu’une connerie émerge, il faut absolument en être. Et le Pape n’a pas pu se défiler.
C’est rigolo finalement, ces mouvements de foule. Pourtant je suis certain que ceux qui pratiquent ces clichetons, le font très sérieusement en espérant se faire remarquer. Qui d’un producteur télé, ou d’un/e amoureux/se frigorifié/e, qui du monde entier tout humblement.
Le selfie est donc désormais le stade ultime de l’affirmation de soi et de l’assertivité douce. Et il a bien sûr ses déclinaisons en forme de fessiers (« bum-selfie » soit « belfie ») ou de lolos (« blobs-selfie » soit « blelfie »). Les anglo-saxons sont très forts sur les mots valises. Voire les mots valises de valises. Ceci dit, si je rencontrais ce genre de valises pour de vrai, c’est à dire dans mon lit, je n’irai pas coucher dans la baignoire.
Pour le bon goût, à quand le Pape de dos dans un miroir ? Mais attention au lumbago…