Je résume bien sûr. Mais voilà ce que j’ai entendu dans le discours d’Annecy d’un candidat-président. “Salauds de pauvres, salauds d’étrangers illégaux qui veulent faire exploser nos avantages sociaux, salauds de chômeurs qui ne sont pas assez motivés à retrouver vite vite un emploi…”
Pouvait-on rêver deux catégories de population plus vulnérables et DONC les meilleurs boucs émissaires qui soient pour cacher le démantélement programmé de la sécurité sociale et les vraies raisons de la crise économico-financière?
Le premier quinquennat se fit au cri de ralliement: “Vive les riches ! Quel bonheur le pognak ! Qu’attendez vous pour vous enrichir vous aussi ? En travaillant plus pour gagner plus, en achetant votre maison par emprunt hypothécaire, en cherchant la niche fiscale qui vous va bien, c’est pas le choix qui manque…” Mais comme la crise est passée par là, que le chômdu dépasse les trois millions d’abonnés, sans compter les minimaux sociaux – deux millions supplémentaires, oubliés des statistiques officielles – et que si on veut retrouver notre triple A, il va bien falloir qu’on flexibilise le marché du travail (NdA: c’est la raison explicite de la dégradation de la note française par S&P en janvier 2012) Faut les remettre au taff, tous ces fainéants. Et pour cela les faire flipper. D’où l’idée brillante de taper sur les plus vulnérables. Puisque la douceur n’a pas suffi, le second quinquennat pointe déjà son museau. Changement de programme et slogan.
Mais c’est la petite moustache de la “bête immonde” qui réapparaît. Pourquoi s’arrêter à juste les tabasser, tous ces emboucans, pourquoi n’irions nous pas les mettre dans des wagons plombés, direction l’épouillage?
Le président sortant – et espérons-le bientôt sorti – ne peut que diviser: “Etes vous pour ou contre les chômeurs?”. Quand ce ne sont pas les chômeurs, le probème. Mais bien sa politique économique qui permet ce chômage. Cet homme là ne régnera plus que par la peur. S’il est ré-élu, nous aurons fait un petit pas de plus vers la guerre civile.
Cet homme là était juste vulgaire et populiste. Ce soir, il est devenu dangereux. Vraiment dangereux !
* Citation d’une réplique de Jean Gabin dans “La traversée de Paris” de Claude Autant-Lara.