Accroissement du chômage et diminution des primes, privatisation de la sécurité sociale, fin de la couverture maladie universelle, déclin du régime de retraites par répartition… La “société assurantielle” selon les termes de François Ewald, appelée aussi “société du risque” par Ulrich Beck, ne fonctionne plus comme avant. Le travail était au coeur de l’institution de l’assurance et de sa généralisation à travers la Sécurité Sociale ou l’indemnisation chômage.
Aujourd’hui ces institutions se font toutes reprendre par le capital les unes après les autres. C’est ce que signifie (aussi) le transfert de la couverture du risque d’un régime par répartition à un régime de capitalisation. En jouant sur la peur face aux risques (tout problème peut être mis en statistiques par un actuaire et transformé en paiement d’une prime par votre compagnie préférée) les libéraux gèrent le risque comme une source de revenus à part entière. Plus que jamais le risque est un bizness. Mais la catastrophe (sauf à être totale, c’était ce que signifiait la catastrophe nucléaire…) se révèle être, elle aussi, une belle source de bizness. Notamment la reconstruction d’infrastructures matérielles. Ou l’indemnisation des victimes. Et la gestion de leurs fortunes toutes neuves.
La vrai catastrophe future viendra d’un vrai problème de santé publique et/ou des modifications climatiques consécutives à nos modes de vie consuméristes irresponsables. Elle est certaine. Bien que personne ne sache encore aujourd’hui quelle forme elle prendra.
“L’heuristique de la peur” dont parle Hans Jonas dans son petit livre sur le “Principe responsabilité” ne fonctionne pas: l’homme n’apprend rien de sa peur. Il utilise la peur chez l’autre pour mieux le soumettre. Et non pas pour trouver une quelconque issue aux apories du système économique de prédation et de destruction qu’il a créé.