Etre à la hauteur de l’urgence climatique, tel est le défi lancé à la France. Et à sa classe politique. Pour cela réduire vraiment notre consommation d’énergie, première source de gaz à effet de serre. Les conséquences dramatiques du réchauffement climatique sont déjà là : cyclones de plus en plus puissants, submersion des côtes, stérilisation progressive de terres. A l’échelle du monde, les pays et les populations les plus pauvres en sont les premières victimes.
En France, Emmanuel Macron ignore tout de la réalité quotidienne des catégories sociales défavorisées. Son mépris de classe justifie à lui seul que celles-ci descendent aujourd’hui dans la rue. Toutes les mesures fiscales que M. Macron a édictées jusqu’à présent sont favorables aux plus riches. Elles ont été prises au détriment des classes moyennes. Et sans impact réel sur les dérèglements climatiques. Il refuse en réalité de faire payer les principaux pollueurs. A savoir : l’agriculture intensive, les bétonneurs, les transports aériens, etc.
Pour autant, les “gilets jaunes” sont dans l’erreur la plus totale et la plus égoïste : la hausse du prix des carburants est une nécessité absolue. Elle doit inciter tout un chacun à changer de paradigme en matière de transports. Et permettre de faire baisser les émissions de CO2.
Pourtant elle ne peut se faire que dans un cadre de juste répartition du poids de l’impôt. En un mot : taxons les riches ! En commençant par le rétablissement de l’ISF. Et les recettes de tout type de taxe sur les énergies fossiles doivent intégralement être ré-affectées à la transition énergétique. Pour financer, par exemple, des mesures d’accompagnement et de reconversion au sans-fossile pour celles et ceux qui n’ont d’autres choix que de prendre leur voiture pour se déplacer.
Je vois aujourd’hui trois urgences : une urgence écologique à se passer de la voiture. En développant des transports en commun qui marchent, de bus, de train. En développant le vélo, avec des vraies pistes cyclables réservées aux vélos exclusivement (pas de simples traits de peinture ou des trottoirs “partagés” avec les piétons). En favorisant les marchés de quartier et les commerces de proximité en centre-ville (contre les centres commerciaux gigantesques, en périphérie des villes où on ne peut aller qu’en voiture). En généralisant le télé-travail, la télé-médecine, la télé-administration, le télé-enseignement. Et surtout, surtout en cessant d’étendre les villes à l’infini, ce qui contraint les banlieusards à couvrir chaque jour des distances stériles, rien que pour jouir du droit d’accéder à une maison individuelle.
Il y a aussi urgence démocratique à rendre au peuple le pouvoir de décision en matière fiscale, qu’il puisse de nouveau voir la contrepartie physique (services publics de transports, routes, hôpitaux, écoles) des impôts qu’il paye. Que chacun puisse constater à quel point des services publics qui marchent sont précieux. Que chacun sache qu’aucune initiative privée ne les remplacera parce que celle-ci ne va que là où il y a du pognon à faire.
Il y a enfin une urgence morale (je sais, ça fait vieux con…) à lutter contre la pauvreté, par plus de solidarité contre la misère qui monte. Celle qui habite la campagne et qui souffre en silence, loin des services sociaux. C’est intenable (unsustainable, en anglais) pour de plus en plus de foyers. Les gilets jaunes ne disent rien de plus.