Partout, en ce moment, c’est à dire dans les médias “zofficiels”, on nous parle de la misère étudiante, de la grande déprime des jeunes. Tout ça à cause du virus pandémique, à cause qu’ils sont contraints de rester chez eux, toute la journée devant leurs écrans : ordinateurs, téléphones portables, télévisions pour ceusses qui confinent chez papa-maman. Comme s’ils n’y étaient pas avant, scotchés la plupart du temps aux écrans. Et quand ils ont la dalle, rien de plus facile que de passer commande à Uber: une pizza par phonetel livrée rapidement par un moins qu’étudiant qui pédale à donf sur un biclou pourri à travers la ville pour gagner trois euros six sous vu tout le pognon qu’il est obligé de refiler à Uber.
Etudiant, diant ! Misère, misère ! La misère étudiante, ce n’est pas nouveau. Déjà, peu avant 1968, avant que les étudiants fassent péter le système du vieux général, bien coincé, balai dans le cul, pour rêver un monde meilleur, “sous les pavés, la plage”, Pierre Bourdieu écrivait: “de la misère en milieu étudiant”. Il y était surtout question de la misère sexuelle, à l’époque où, en cité U. Un mur, genre fortification, séparait les piaules des filles de celles des garçons. Après 1968, nous pûmes, en ces temps-là étudiants, largement circuler et même parfois y passer la nuit, dans la piaule d’une fille, ou d’un garçon…
Donc, non ! Ce n’était pas mieux avant, avant 1968 et en général avant tout ! Quant à maintenant, il con-vient (c’est ce qu’on dit…) de vivre le présent, ici et maintenant. Bien inspirer, expirer. On peut aussi se télécharger une petite appli de méditation-yoga en pleine conscience et éviter ainsi de trop ruminer un avenir hypothétique en attendant les belles paroles de notre Président. Et les applis de ce type, il y en a une chiée sur toute la toile, sans compter les gourous, coach et divers qui vous proposent de voir la vie en rose.
Moi, pour voir la vie en rose, comme Boris Vian, je dis : rien de tel qu’une bonne paire de claques.