C’est à la rentrée scolaire de septembre 2010 que commencent les grandes manif contre la réforme des retraites proposée par Fillon, premier ministre de Sarkozy. Cette réforme a pour principal objectif de faire passer l’âge légal de départ en retraite de 60 à 62 ans. L’essentiel de l’argumentaire des partisans de cette réforme est que le système par répartition est menacé du fait de l’allongement de la durée de vie de la population française. Ainsi, il y aura/ aurait plus de retraités que d’actifs, donc moins de cotisants pour assurer la répartition, notamment celle concernant les futurs retraités.
C’est une donnée statistique et sociologique plus ou moins contestable, en particulier par les analyses économiques des socialistes et des autres gens “de gauche”. Contestable à double titre pour la “Gauche” puisque cette réforme revient sur la date historique de la retraite à 60 ans instaurée par Mitterrand dès son arrivée à la présidence de la République en 1981.
Donc, syndicats et partis politiques de gauche vont manifester en nombre contre cette réforme.
Pour les gens de ma génération ( j’avais 50 ans en 2010), cette réforme ressemble à une trahison car, lorsque nous avions commencé à travailler, nous avions tacitement signé un “contrat de travail” , disons, global, pour aller jusqu’à 60 ans, pas jusqu’à 62. Cette réforme apparaît , d’une certaine façon, comme une rupture du “contrat social” ( malgré toutes les bonnes raisons invoquées concernant la solidarité nationale et inter-générationnelle), rupture brutale, sans concertation.
En 2010, je manifestais à Paris avec plusieurs milliers de personnes ( il y avait plus de 3,5 millions de manifestants en France) sous les banderoles de tous les syndicats réunis pour l’occasion. A l’époque , j’avais pris ma “carte” à F.O. considérant que c’était le syndicat le plus pragmatique (” celui de la feuille de paye” sic!) et le plus déterminé contre cette réforme qu’il dénommait “contre-réforme”. J’ai également suivi la plupart des mouvements de grève et , en toute connaissance de cause, perdu à chaque fois, une journée de mon salaire de prof . Jusqu’au moment où je me suis rendu compte que mes “petits camarades” responsables , représentants syndicaux déchargés de cours ou simplement “permanents syndicaux” ne perdaient pas leur salaire les jours de grève, dès lors que le jour tombait sur leurs heures de décharges ou de permanence…Sans compter les “petites bouffes” après les manifs , aux frais du syndicat. Mais , comme me le contait un vieux militant bienveillant, il faut bien récompenser les efforts des plus battants.
Tous ces efforts pour RIEN, puisque la réforme fut votée et que l’âge légal de départ en retraite de 60 ans fut reporté à 62 , en attendant d’être à nouveau reporté à 64. Quand bien même l’histoire ne se reproduit jamais, il y a fort à parier que la réforme Borne/ Macron passera.
Ajoutons à ce rappel mémoriel qu’en 2014 , sous le gouvernement socialiste de François Hollande , fut votée la Loi Touraine qui allongea la durée de cotisation obligatoire , autrement dit du nombre de trimestres cotisés pour partir en retraite à 62 ans avec un taux plein.
Alors gauche , droite ? juste un petit cerveau et une mémoire
Prof Mottro, 12 mars 2023