Ah, oui, oui, mais non… Tel est l’élément de langage de Matignon (et donc de l’Elysée, par ventriloquie) au soir du premier tour.
Gabriel Attal annonce : “Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national”. Cependant en cas de triangulaire, il fixe le principe d’un désistement des candidats arrivés troisièmes dont le maintien risquerait de faire élire un RN “face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République”. Ce que les électeurs du centre n’ont pas besoin de décodeur pour comprendre : votez pour qui vous voulez, SAUF pour un candidat de La France Insoumise.
Voici ce que je pense de cette attitude irresponsable :
Parmi les autres mauvais perdants, Aurore Bergé, la ministre chargée de l’Égalité femmes-hommes, a dit ne pas vouloir de “désistement automatique” des candidats macronistes, relégués en troisième position. Yaël Braun-Pivet, l’ancienne présidente de l’Assemblée nationale, a repris les éléments de langage de Matignon en appelant à voter pour “le plus républicain”, donc en excluant certains candidats de gauche.
Dans son infantilisme craspouille d’enfant vexé, Édouard Philippe a pour sa part été encore plus explicite en appelant les candidats Horizons, arrivés en troisième position, à se “retirer pour éviter l’élection de députés RN ou LFI”. Si dans une triangulaire RN – LFI – Horizons, le candidat Horizons se maintient, le risque est de faire élire le nazionaliste RN. La majorité à l’Assemblée nationale pourrait bien se jouer à une voix près…
De son côté, dès le soir du premier tour, Jean-Luc Mélenchon a appelé tous les candidats LFI engagés dans une triangulaire en position minoritaire à se désister sans condition. Dans le Calvados, le candidat LFI s’est retiré pour permettre à Elisabeth Borne de passer; oubliée l’opposition musclée de la gauche à l’ancienne Première ministre sur les réformes des retraites ou sur la honteuse loi immigration. Idem dans le Nord, où le retrait de la candidate insoumise dans la circonscription de Gérald Darmanin devrait lui assurer sa réélection.
Quels sont les trois enseignements à tirer de cet entre-deux tours ?
Tout d’abord, que le centre macroniste, en persistant dans sa stratégie du “ni-ni” au second tour, mérite vraiment ce qui lui arrive : qu’il s’enfonce encore un peu plus et disparaisse aux oubliettes de l’Histoire ! Parce que moi j’ai un scoup : le détricotage commence dès la semaine prochaine, m’sieurs-dames. Que la majorité soit Front Populaire. Ou qu’elle soit Rassemblement nazional.
Ensuite que si le fachisme revient en France au soir du second tour, ce sera grâce à cette faille dans la cuirasse de nos institutions, entre libéraux et socio-gauchistes. L’extrême droite n’est forte que de la faiblesse de ses adversaires. Principalement des centristes puisque la gauche a fait la preuve, elle, qu’on pouvait faire taire ses querelles intestines le temps d’un scrutin.
Enfin que depuis la martingale inventée par Jacques Chirac en 2002, récidivée en 2017 par Emmanuel Macron, qui en a remis une couche en 2022 (réélu pas si confortablement que ça avec 58,54 % des votants, une abstention de 28,01 % des inscrits et surtout 2 233 904 de bulletins blancs), la gauche a toujours cru faire barrage aux fachos en votant pour un candidat libéral. Le renouvelé président Macron leur avait même dit : “Nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à l’extrême droite. Je veux ici leur dire que j’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir.” Discours du champ de mars 25-04-2022.
Et bien vous êtes tous cocus ! C’était de la foutaise, ça n’a servi qu’à maintenir au pouvoir un égotiste autiste et caractériel. Qui a plongé la France dans la situation de pré-insurrection que nous connaissons aujourd’hui.