On rapporte cette historiette improbable qui vit la réunion de Voltaire, Diderot, Rousseau et du Marquis de Sade lors d’un banquet qui n’était pas encore républicain mais presque. Il y était question de Dieu et des ses avatars.
Voltaire voulait à tout prix préserver son déisme en faisant de Dieu un être lointain et de l’Homme l’équivalent d’une souris dans le fond de la cale d’un vaisseau. « Peu importe l’intérêt général de la traversée, que la souris se trouve plus ou moins bien de son voyage » disait-il.
Ce à quoi le Marquis répondait que s’il y avait un Dieu, il y aurait moins de mal sur terre. Ajoutant : « Puisque le mal existe, ou ces désordres sont ordonnés par ce Dieu et voilà un être barbare, ou il est incapable de les empêcher et voilà un être faible. Et dans tous les cas, un être abominable dont je dois braver la foudre et mépriser les lois ». Les propos du divin marquis sonnaient comme une sentence inexorable, l’avant-goût d’une révolte totale, de siècles à venir misérables.
Rousseau répondait alors inlassablement par son idéal du Contrat Social où «chacun se donnant à tous ne se donne à personne ».
Diderot demeurait étrangement silencieux. Il faut dire qu’il en était à son troisième flacon. Il avait la mine fleurie et le cœur au bord des lèvres. Le silence devenant lourd au sein de cette assemblée de philosophes d’habitude si diserts, aussi lourd que toutes les volailles, viandes et divers rôtis dont ils s’étaient empiffrés que Voltaire finit par dire :
« Un ange passe …
– Qu’on l’ENCULE ! » répondit aussitôt Diderot.