Désormais MM. Hollande et Valls peuvent être considérés comme la tendance nationale du socialisme français. Car ils l’ont fait ! Ils ont osé proposer que la déchéance de la nationalité trône tout en haut de l’édifice juridique français.
Mesure totalement inutile d’un point de vue policier. Mesure stupide pour des terroristes qui n’en ont rien à battre (sauf si vous pensez que les houris leur demanderont leurs papiers et les refouleront s’ils n’ont pas les bons…). Mesure stigmatisante et vexatoire pour les enfants d’immigrés qui demandent juste un peu de considération.
De plus, cette déchéance de nationalité est juridiquement absurde. Puisque la France a adhéré à la Déclaration universelle des droits de l’homme, texte fondateur de la convention créant l’Organisation des Nations Unies, dont elle fut même un membre fondateur en 1945. Selon le droit international, il est impossible d’expulser (ou de déchoir, ce qui revient au même) ses propres nationaux. Les derniers qui ont pratiqué la déchéance de nationalité furent les soviétiques à l’égard de leurs dissidents (A. Solejenytsine, A. Sakharov ou H. Bonner). Et avant eux, les nazis (mal leur a pris), sur le critère de la “race”, en fait de la religion.
Peut être les deux pieds nickelés qui sont à la tête de l’Etat, ont-ils prévus aussi de dénoncer la déclaration universelle des droits de l’homme ? Il faudrait par la même occasion prévoir de débaptiser toutes les rues, collèges ou bâtiments publics portant le nom de René Cassin. Avant d’expulser ses cendres du Panthéon.
A la poubelle de l’Histoire, nos grands principes ! Et nos hommes illustres, par la même occasion. La France, patrie des droits de l’homme ? Foutaises !
Un qui doit bien rigoler, c’est Michel Onfray. Lui qui s’est fait embobiné/critiqué vertement par Manuel Valls pour avoir dit : “Je préfère une analyse juste d’Alain de Benoist [extrême droite] à une analyse injuste de Minc, Attali ou BHL [gauche caviar]”. Il y a plus de présupposés réactionnaires chez un premier ministre qui propose la déchéance de nationalité pour tous, que chez un philosophe populiste qui critique l’Europe libérale, la guerre en Libye ou l’islamisme.
Chaque jour qui passe, je suis, un peu plus qu’avant, un “déchu” du socialisme…
Post-scriptum (10-03-2016) : Bonne nouvelle, le Sénat vient de voter un texte qui revient en totalité sur les “avancées” votées à l’Assemblée Nationale en première lecture. Contrairement à une loi ordinaire, un projet de loi constitutionnelle doit être votée dans les mêmes termes par l’Assemblée et le Sénat. Ce qui incite à penser que la réforme constitutionnelle Valls-Hollande a une grosse charge de chevrotine dans l’aile. En attendant, l’opération aura surtout servi à jeter les masques. La France socialiste peut aussi être parfois, lorsque les situations se tendent, nationale. C’est-à-dire conne.