Zone d’intérêt


Dans un passage du film « la Zone d’intérêt », le commandant Höss qui est le chef du camp de concentration d’Auschwitz est chargé d’organiser la réunion de concertation de tous les chefs de camp de la zone est de l’Europe; nous sommes en 1943 ( la solution finale a été décidée en 1942) et Hitler veut accélérer l’extermination des Juifs , en particulier ceux de Hongrie.

Lors de cette réunion, il est question de la bonne gestion du camp par le commandant Höss dont les résultats sont exemplaires car il a plus qu’augmenter ses quotas, notamment grâce à ses relations commerciales avec les grands industriels, comme Siemens, par exemple. Mais, une rumeur court et Höss serait contraint de quitter sa belle maison d’Auschwitz où son épouse se plaît merveilleusement , élève ses cinq enfants et prend soin des fleurs de son grand jardin. Alors, on demande au commandant d’optimiser sa production pour améliorer les rendements…

Ce qui caractérise ce langage des nazis qu’on retrouve aussi dans la langue du management , c’est qu’il donne l’impression de l’existence d’un autre monde, d’une autre zone: la zone d’intérêt.

C’est aussi le langage de la soumission où le degré de soumission d’un subalterne se mesure à son aptitude à employer le même langage que son supérieur hiérarchique voire à mimer son attitude. Evidemment, chez les officiers nazis, les codes militaires facilitent cette soumission.

Au-delà de ce langage, il y a une réalité plus actuelle: celle du « technicien de surface » qui nettoie les sols des bureaux et vide les poubelles à 5 ou 6 heures le matin.

Au-delà de l’apprenant, il y a la réalité des élèves que plus aucun professeur (encore moins de » maître » car le mot est tabou comme le mot « chef » remplacé par le « manager ».) n’élève, puisque l’objectif du nouveau management scolaire n’est plus d’enseigner mais de communiquer , d’apprendre à apprendre.

Sans oublier , bien sûr, les recommandations de bienveillance qui masquent la brutalité des rapports sociaux dans l’entreprise et au sein de l’école , car l’école , peu à peu, est devenue une entreprise, avec des proviseurs manager et des inspecteurs contrôleurs.

Une parfaite petite organisation totalitaire mais qui, surtout, n’avoue pas son nom !