C’est comme une avant-guerre. Mais plutôt celle de 14. Il s’agit de faire monter l’adrénaline de l’Européen moyen. Nous assistons aujourd’hui en Europe à un magnifique bourrage de crâne anti-islam digne de ce que l’on pratiquait en France avant-14 contre les Boches. Ou en Allemagne contre les Français.
La peur est un objet philosophique que j’ai découvert en Bosnie, en 95. Je crois qu’il n’y a que deux façons de faire tenir une société droite sur ses pieds : 1) la peur, celle que concptualise Hobbes, organisée par un Etat tout puissant, le Léviathan. Afin d’éviter la guerre perpétuelle de tous contre tous; 2) l’abondance de biens à l’infini, telle que l’ont inventée les Etats-Unis à travers la société de consommation et que les Européens ont si stupidement copiée (cf le « Cauchemar climatisé » du vieux Henry Miller).
La peur renvoie nécessairement à notre mort et à la façon que nous avons par conséquent de voir la vie. Il me semble aussi que nous quittons progressivement la société de l’abondance pour une société de la rareté… Danis Tanovic, auteur de No Man’s Land disait sur Culture matin que ce que nous autres Européens n’avions pas compris. Que la guerre n’est pas l’état d’exception, mais l’état normal d’une société. C’est bien la paix, l’état d’exception… Je suis assez d’accord avec ce point de vue.
La peur est LE moteur universel de la soumission, et la télé ou internet ses principales courroies de transmission. Je ne tape plus sur l’individualisme de mes contemporains car je sens monter comme une guerre civile. Peut-être cette guerre qui vient est-elle le seul moyen de retrouver une collectivité (gesellschaft oder gemeinschaft ?) entre nous, les humains d’une seule planète.
Mais alors, quelle horreur !