"Rien n'est jamais acquis à l'homme, ni sa force, ni son amour..." chantait un poète en 1940. L'acquis semblait alors un idéal du définitif. Un absolu dans le durable. Une impossibilité dans la remise-en-cause. Selon le Petit Larousse, l'acquis est ce qui a été obtenu, reconnu une fois pour toutes et ne peut être contesté.
Et pourtant... Plus les acquis sociaux apparaissent dans le discours dominant, en particulier dans la bouche des dirigeants syndicaux, plus il semble que l'expression perde son sens premier et que le législateur en menace l'intangibilité. Il y a comme une lente érosion, de la chose et du mot. Car les politiques patronales et gouvernementales, depuis des décennies, mais avec une nette accélération récente (merci la pseudo-gauche et merde la droite décomplexée) nous montre qu'il n'y a en réalité aucun acquis pour les travailleurs (et je m'en fous que ce mot ait été proscrit de nos vocabulaires par la bien-pensance).
Désormais, "acquis" doit être compris comme son contraire, i.e "ce qui peut toujours être contesté". C'est symptomatique d'une forme d'écriture/discours qui dit le contraire de ce que l'on pense : les partenaires sociaux ne sont plus des égaux, en droit ; le plan social n'a jamais été social mais seulement de licenciement ; quant aux lois travail, elle ressemble plutôt à des lois chômage.