Le langage sert à euphémiser le monde et la douleur d'être au monde : il y a longtemps déjà que tu n'as plus de problèmes, mais seulement des soucis. Toujours petits, d'ailleurs. Il n'y a qu'un seul gros souci, c'est de mourir. Un jour, dans très très très longtemps. L'euphémisme est devenu la marque de fabrique de notre grand hypnotiseur national, je veux parler d'Emmanuel Macron. L'euphémisme sert à ouater nos petites vies étriquées, déjà bien enfumées par quarante de soi-disant crise.
On éloigne un migrant, on ne l'expulse plus d'un coup de pied au cul. On ne va plus en banlieue, mais dans les quartiers. Ni en province pour se mettre au vert, mais dans les territoires. Les dépenses doivent être priorisées, mais elles seront de fait réduites. Le président ne réforme pas, il transforme le réel. Les riches ne sont pas pétés de thunes, mais juste des premiers de cordée. La récession (croissance négative) le chômage ou l'impôt (les prélèvements obligatoires) n'ont jamais été très sexy, mais avec Gueule-d'amour à l'Elysée, l'euphémisme va faire mouiller grave les ménagères de cinquante ans.
Nous sommes à l'exact opposé des coups de Kärcher qu'un autre président voulait mettre dans les banlieues, pour en chasser la racaille. Mais que vaut-il mieux finalement ? Un excès de mots, symptôme d'une impuissance de fond face aux vrais problèmes des vrais gens ? Ou cette novlangue de consensus, qui les câline par devant. Pour mieux les tûûûût par derrière.