Instant dans une conversation où la connerie arrive au galop et où intervient une référence au nazisme. Elle a été formulée ainsi : " Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s'approche de 1 ". Cette pseudo-loi sociologique (mais vraie formule virale) porte le nom de son auteur, Mike Godwin, avocat américain employé par Wikimédia foundation.
Avant Mike Godwin, le philosophe allemand Léo Strauss, dès le début des années 1950, avait remarqué une " reductio ad hitlerum " consistant à disqualifier l’argumentation de l’adversaire en l’associant à Hitler ou aux nazis. La "reductio ad Hitlerum" remplaçant la "reductio ad absurdum" qui supposait qu'une proposition est fausse, pour démontrer qu'elle mène à une contradiction.
Cependant comme le remarque Xavier de La Porte sur le site de France-Culture, l'expression est devenue ambiguë. "Si l’expression est très utile pour dénoncer une tendance dans les réseaux à l’excès rhétorique, à la comparaison un peu ridicule, elle est devenue un moyen de disqualifier tout argument qui manipule de concepts liés de près ou de loin à ces questions. Exemple : vous dîtes qu’il est permis de voir un brin d’antisémitisme quand Dieudonné dit qu’il veut enfoncer " enfoncer [sa] petite quenelle dans le fion du sionisme ". " Point Godwin " va-t-on vous répondre. Vous voyez ce qui s’est passé : le recours au point Godwin, de révélateur de processus disqualifiant à l’œuvre dans une conversation, est devenu en lui-même un moyen de disqualifier une argumentation ou une conversation, constat juste parfois, mais parfois aussi moyen de mettre fin à une discussion gênante (d’ailleurs a été inventé le point " Wingod " pour dénoncer cet usage abusif du point Godwin)".
Bien que ces idéologies fassent véritablement partie du paysage contemporain et Hitler, de notre triste histoire commune, le point Godwin tend à devenir un moyen de faire passer le soupçon d’antisémitisme, de racisme, ou de fascisme pour un excès rhétorique. Il y a comme un retournement : "lui qui dit, lui qu'y est..."